Comment les réseaux sociaux ont libéré les paroles (censurées) ?

Depuis les attentats meurtriers qui ont frappés le Sri Lanka lors des fêtes de Pâques, le pays a provisoirement interdit l'accès aux réseaux sociaux, ainsi qu'aux applications de messagerie (what's app par exemple). Le but de cette mesure serait de limiter le flux de fake news - mais aussi pour limiter les discours haineux et les incitations à la violence.
Comme dans de nombreux pays, les réseaux sociaux comme Facebook ou Twitter ont été une révolution pour le Sri Lanka : le pays a longtemps censuré la presse en interdisant des sites internet, en assassinant et incarcérant des journalistes. Les 2 ethnies du pays (cinghalaise au sud et tamoule au nord) n'ont ainsi plus aucune confiance dans ces organes de presse. Les réseaux sociaux sont ainsi devenus l'alternative considérée comme fiable. Cette alternative a permis aux gens d'avoir accès à l'actualité mais aussi de la partager et de la commenter. Les différentes communautés du pays n'avaient pas vraiment moyens d'échanger et de débattre et les réseaux sociaux semblaient commencer à remédier à ce problème. En pouvant échanger et communiquer les tensions entre communautés s'apaisaient par la même occasion. Une étude a également prouvé que, en Inde, lors des coupures d'internet, des pics de violences apparaissent car les organisateurs de manifestations (habituellement non violentes) n'arrivent pas à mobiliser les foules.
Au sein du Sri Lanka, les divisions inter ethniques sont majoritairement dues à une barrière linguistique. Les bouddhistes parlent majoritairement cinghalais, et les hindous parlent majoritairement le tamoule. Les chrétiens et musulmans parlent soit l'une soit l'autre ou les 2. Ces conflits remontent à bien longtemps et il nous est impossible de désigner un camp comme étant le camp des gentils et l'autre celui des méchants. Mais les réseaux sociaux avaient réussi à faire ce que aucun gouvernement avait accompli : instaurer un dialogue entre les communautés.
En bloquant l'accès à ces passerelles, en rendant les citoyens dépendant d'une propagande d'État, empêchant le peuple d'avoir accès à une information dans laquelle ils ont plus confiance, le gouvernement joue avec le feu. Cela ne peut que raviver les tensions entre communautés au lendemain des attaques terroristes, et finalement, n'était-ce pas là le but des terroristes ?
Arnaud B.C