Que reproche le gouvernement Italien au gouvernement Français ?

Dimanche dernier, le vice-premier ministre Luigi Di Maio, chef de file du Movimento Cinque Stelle (M5S), l'autre partie de la majorité gouvernementale, a accusé la France d'« appauvrir l'Afrique » et de favoriser les flux migratoires vers l'Europe. Cette nouvelle sortie ne va pas rapprocher nos deux gouvernements, déjà en froid depuis l'arrivé au pouvoir des populistes italiens en Juin 2018.
En effet, Di Maio et Salvini ont apporté de façon très démonstrative leur soutien au mouvement des « gilets jaunes ». Le second homme fort du gouvernement italien, tente d'organiser un front européen de l'extrême droite contre les partis pro européens, comme "En marche", et a dit espérer que le peuple français se libère bientôt d'un « très mauvais président », des propos "totalement inédits entre responsables de pays fondateurs de l'Union européenne" d'après Le Monde. Le gouvernement avait alors répondu par l'intermédiaire de la ministre des affaires européennes, Mme Loiseau, qui a invité les deux dirigeants à « balayer devant leur propre porte » la France se gardant « de donner des leçons à l'Italie ».
"Un très mauvais président"
L'ambassadrice de l'Italie en France avait été convoquée au ministère des affaires étrangères français à la suite de ces propos. Mis à part cette convocation, le gouvernement a préféré ignorer les propos du ministre de l'intérieur italien.
Voici les propos exacts de Di Maio, qui est aussi ministre du développement économique : « il y a des dizaines de pays africains où la France imprime une monnaie, le franc des colonies et avec cette monnaie, elle finance la dette publique française ». « Si la France n'avait pas les colonies africaines, parce que c'est ainsi qu'il faut les appeler, elle serait la 15 ème puissance économique mondiale alors qu'elle est parmi les premières grâce à ce qu'elle est en train de faire en Afrique », avait-il déclaré.
Mais qu'est ce que le Franc CFA ?
Établi en 1945, une quinzaine d'années avant l'indépendance des colonies françaises, il s'agit d'une monnaie utilisée par quatorze pays (dont douze anciennes colonies françaises).
" Les Etats africains doivent déposer 50 % de leurs réserves en France; en contre-partie, leur convertibilité illimitée avec l'euro leur donne une crédibilité internationale - ces dépôts sont cependant rémunérés à un niveau supérieur aux taux du marché monétaire, remarque une source bancaire. Un taux plancher de 0,7 % actuellement a été fixé, "très favorable", selon cette source, qui précise que les fonds peuvent être retirés à tout moment et, par conséquent, ne sauraient être utilisés pour financer la dette française. " - LePoint.fr
En outre, pour ses défenseurs, ce contrôle extérieur sur le CFA apporte une certaine stabilité et un bouclier contre la tentation de faire tourner la "planche à billets" et donc de créer une inflation avec une hausse des prix sans fin. Il permet ainsi de maintenir l'inflation sous les 3 % et un poids raisonnable de la dette.
Mais d'un point de vue de la croissance, les pays de la zone franc affichent des résultats contrastés : les pays d'Afrique de l'Ouest tirés par le Sénégal et la Côte d'Ivoire tournent autour de 6 % de hausse annuelle de leur PIB, tandis que ceux d'Afrique centrale sont plus proches d'une croissance à 0%.
Les manifestations en Afrique n'étaient pas rares pour dire non au Franc CFA, notamment au Sénégal et le Bénin. En revanche les critiques vis à vis de cette monnaie peu connue en Europe demeuraient rares et n'avaient jamais été émises par un autre gouvernement européen ou du moins pas en public.
Arnaud. BC
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